Elles sont rares dans la profession, elles ont pourtant tout à gagner à s’y faire une place : les femmes taxis et VTC. Pourquoi sont-elles encore si peu nombreuses ? Pourquoi le métier a-t-il besoin d’elles ?
Où sont les femmes ?
A Paris, les femmes taxis et VTC ne représenteraient que 5% de la profession. Une proportion qui pose question. Pourquoi sont-elles si peu nombreuses dans un métier qui, à première vue, semble aussi accessible aux hommes qu’aux femmes ?
Femmes au volant, alerte stéréotypes ! Elles conduiraient moins bien que les hommes, elles auraient un sens de l’orientation moins développé que les hommes, elles sauraient moins se faire respecter… Ces clichés ont la vie dure. C’est un vrai problème. Et pas seulement dans le monde du transport de particuliers : les politiques s’y intéressent et tentent d’y remédier. En 2016, les sénatrices Chantal Jouanno (UDI) et Christiane Hummel (LR) pour qui la conduite constitue un “enjeu d’égalité” et qui voient le permis de conduire comme “un élément indispensable pour l’autonomie, l’intégration professionnelle et l’insertion sociale”, en ont fait un rapport. Elles y expliquaient notamment que malgré plusieurs pionnières de la Belle Époque -industrielles du monde automobile ou conductrices ou pilotes- les femmes restaient encore aujourd’hui cantonnées au simple rôle de “spectatrices ou de passagères”.
Un vrai paradoxe rendu encore plus absurde par le rappel de quelques données éclairantes :
- Des statistiques de l’accidentalité routière démontrant une conduite plus respectueuse des règles du code de la route par les femmes ;
- Un écart de dix points entre dans la réussite à l’épreuve pratique du permis de conduire.
Bref, les femmes savent conduire, et peut-être encore mieux que les hommes. Il n’y a donc aucune raison pour ne pas se lancer en tant que taxi ou chauffeur privé.
Femmes taxis et VTC, pourquoi se lancer ?
Quel que soit votre sexe, l’accès à la profession de VTC ou taxi est le même. Il se pourrait même que, d’un point de vue de la potentielle clientèle, les femmes aient un coup d’avance. Explications.
En 2017, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France, publiait une enquête révélant qu’une femme sur deux avait peur dans les transports en commun. De quoi créer une vraie demande pour les taxis, mode de transport à priori moins propice aux interactions non sollicitées. Sauf que là aussi, la crainte de se faire agresser n’est jamais loin.
En effet, quelques tristes affaires de harcèlement et agressions sexuelles ont refroidi une bonne partie de la clientèle féminine, alors moins enclines à faire appel à des plateformes VTC où plus de 90% des chauffeurs sont des hommes.
En 2019, par exemple, plusieurs femmes avaient ainsi dénoncé leurs chauffeurs Uber sur les réseaux sociaux avec le hashtag #UberCestOver suite à des attouchements et comportements inappropriés. La prérequis du casier vierge pour qu’un chauffeur obtienne sa carte professionnelle ne suffit donc plus pour rassurer les clientes. De quoi faire sérieusement envisager aux femmes des prestations assurées uniquement par des femmes.
En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, le marché des VTC et taxis 100% féminins est installé depuis déjà plusieurs années. Les concepts diffèrent parfois avec des plateformes qui ouvrent leurs clientèles aux hommes quand d’autres ne les réservent qu’aux femmes, ou bien des applications où il est possible de choisir, à sa guise, un homme ou une femme au volant…. Mais l’idée reste la même : l’assurance d’une course en toute sécurité, par une femme.
En France, l’idée prend et des compagnies comme Adispos, à Toulouse, ou Femme au volant, plateforme de mise en relation avec des chauffeurs, commencent à faire parler d’elles.
La concurrence, moindre, devrait elle aussi encourager les femmes encore hésitantes à se lancer et foncer vers un métier d’avenir utile… et presque politique.